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L’invention de la chemise
Le vêtement : entre nécessité et ornement
Le vêtement est en premier lieu une nécessité pratique, une décence. Mais c’est aussi et depuis toujours une représentation, un emblème, un mode de communication. Il est ce que l’on présente à l’autre. Il nous revêt et nous offre ainsi la possibilité de traduire ce que nous sommes intérieurement par une parure extérieure. La tradition de l’uniforme qui symbolise une fonction remonte bien avant l’antiquité. Militaire, étatique ou religieux, il a survécu à toutes les périodes historiques. Car s’habiller c’est également porter un message à nos semblables. Dis-moi comment tu t’habilles, je te dirai qui tu es…
Dit moi quelle chemise tu portes et je te dirai qui tu es
Si le vêtement ne dit pas tout de l’homme c’est pourtant ce que l’on perçoit en premier lieu. En quelque sorte une carte de visite. Classique, excentrique. Introverti, extraverti. Il est aussi une manière d’être au monde. S’il ne catégorise plus socialement autant qu’il à peu la faire au temps jadis, le vêtement est toujours un signe extérieur de ce que nous sommes ou plutôt, de ce que nous voudrions être. Car, comme le dit l’adage, l’habit ne fait pas le moine… Depuis l’adoption du vêtement que certain anthropologues perçoivent comme la fin de la sauvagerie et l’invention de l’uniforme, perçut quant à lui comme le début de la civilisation, la diversité des tenues vestimentaires fût innombrable. Il faudra en effet attendre le mitan du vingtième siècle et le développement des technologies modernes de communication visuelle, cinéma en premier lieu, magazines illustrés puis télévision, pour que l’uniformisation de la mise vestimentaire gagne l’ensemble du monde occidental.
De la toge à la chemise, en passant par la tunique
Les premières traces archéologiques que nous possédions de vêtements ajustés remontent à l’époque minoenne et mycénienne (2700 à 1200 avant J.C.), mais l’on sait peu de chose à son sujet. Durant la première antiquité un nouveau costume voit le jour, la toge. Il consiste à utiliser une pièce d’étoffe souple et de la porter tout simplement drapée autour du corps ou suspendue à l’épaule droite par une agrafe ou fibule. Mais c’est finalement durant l’antiquité tardive que l’on assiste à ce que l’on pourrait nommer la naissance du vêtement moderne : la tunique cousue.
Attestée à partir de l’an 250 en Egypte, la tunique cousue, véritable révolution, s’impose petit à petit dans tout l’empire romain. Tissée d’une seule pièce, cette tunique de l’antiquité tardive peut-être considérée comme l’ancêtre de nos actuelles chemises. Assemblée par quatre coutures, deux sur les flancs et deux sous les bras, elle dispose, et c’est une nouveauté, de manches cylindriques, semblables aux nôtres. Découpé suivant un patron, assemblé par des coutures continues, solidement fixé au corps et beaucoup moins ample que les draperies antiques, c’est bien là un vêtement de type moderne. C’est Saint Jérôme qui le premier, vers 395, emploie dans une lettre le terme de « chemise » pour qualifier cette tunique.
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